dimanche 19 mars 2017

"Ce qui est à toi est à moi" (T. Slee) & "Comment la France a tué ses villes" (O. Razemon)


Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas un mais deux ouvrages qui seront chroniqués, et nous délaissons temporairement la littérature pour deux essais qui traitent de questions économiques et sociales cruciales pour notre temps. Ces livres, publiés par deux petites maisons d'édition, se complètent opportunément.

« Ce qui est à toi est à moi » de Tom Slee est sous-titré « Contre Airbnb, Uber et autres avatars de l'"économie du partage"». L'émergence et la généralisation de l'économie du partage, ou "uberisation de l'économie", méritait en effet un ouvrage de synthèse et de vulgarisation. Le défi a été relevé avec énormément de brio dans cet ouvrage qui apporte une vraie clarification de notions nouvelles mais désormais incontournables dans notre vie quotidienne. Toutefois, l'ouvrage ne se limite pas à une brillante description : il met aussi en évidence les risques et menaces d'un nouveau système. Il démontre notamment que si l'objectif initial des différentes plates formes était - sincèrement ou non - de mettre en place un vrai partage, quasi-systématiquement le fonctionnement du modèle dérive vers un système ultra mercantile qui pénalise les usagers et les territoires au profit de nouveaux géants économiques.

Dans « Comment la France a tué ses villes », Olivier Razemon, constatant les difficultés indéniables des commerces de centre ville, apporte plusieurs explications dont les deux principales sont la complaisance face aux nouvelles implantations de centres commerciaux en périphérie et une mauvaise gestion communale de la circulation en ville. Cet essai rigoureux et passionnant apporte aussi des solutions et exemples révélateurs.

Ce qui est à toi est à moi - T. Slee (Éditions Rue de l'Échiquier)
Comment la France a tué ses villes - Olivier Razemon (Lux Éditeur)